La situation privilégiée du village de Pourcieux sur la route reliant l’Italie à l’Espagne fut un atout majeur pour l’implantation d’une « Poste aux chevaux ».
Il faut comprendre le mot « poste » dans son sens premier c’est à dire un établissement de chevaux, placé de distance en distance pour le service du roi, puis pour les voyageurs et non dans le sens d’une administration postale.
C’est Louis XI qui crée les Postes royales répondant à des besoins politiques et stratégiques. Elles sont établies de 4 en 4 lieues et tenues par des maîtres disposant de chevaux courants pour le seul usage des courriers royaux.
Ce faisant, il ne fait que réactiver le « Cursus Publicus ». Le principe en est simple : un envoyé chevauche à bride abattue le long d’un itinéraire fixe, ne s’arrêtant qu’aux relais pour changer sa monture. Et ainsi de suite jusqu’à destination.
Ces routes stratégiques disparaissent avec l’arrêt des opérations militaires. Mais le principe a fait ses preuves et les rois qui vont se succéder mettent en place un réseau permanent.
Henri IV crée en 1597, la « Poste aux chevaux ». Ce sont « des relais de chevaux de louage de poste en poste, sur les grands chemins traversés, le long des rivières, pour l’étendue de tout le royaume mis à la disposition du public. Ils servent aux voyageurs, porte-malles, hardes, bagages … »
La première carte de France des routes postales date de 1632. De 252 relais répertoriés en 1584, on passe alors à 600. Ils seront 1426 en 1789 et plus de 2000 en 1850. Mais les « chevaux de fer » vont enterrer les « chevaux de poste ».
En 1873, les derniers relais de poste et le titre de maître de poste disparaissent.
Les voies autrefois si fréquentées s’assoupissent et les maîtres de poste se recentrent sur d’autres activités.
Les voies autrefois si fréquentées s’assoupissent et les maîtres de poste se recentrent sur d’autres activités.
Du relais de Pourcieux, il nous reste des documents écrits qui vont nous permettre de rendre un peu de vie à ce lieu.
Le relais
Le relais de Pourcieux était situé sur la route d’Aix à Nice qui comptait plusieurs relais : Aix-en-Provence, Rousset, Porcioux, Tourves, Brignolles, La Cabasse, Le Luc, Vidauban, Le Muy, Fréjus, L’Estérel, Cannes, Antibes, Le loup, Nice. Celui de Pourcieux se plaçait donc entre le relais de la Galinière, à Rousset et celui de Tourves, distants d’une vingtaine de kilomètres.
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Carte de Cassini |
C’était un bâtiment, à étages, avec des écuries, qui se trouvait près de la fontaine et de la maison claustrale de l’époque, probablement à main droite de la rue publique en venant de Saint Maximin, pratiquement en face du logis de la Sainte Magdeleine et appartenait aux Demours. Il fit partie jusqu’en 1756 d’un ensemble de maisons qui seront détruites lors de la construction du château du dernier seigneur de Pourcieux, Pazery Thorame.
Ensuite le maître de Poste, Esprit Bouffier, occupa la grande maison avec cour et écuries donnant sur la rue publique. Ce sera plus tard, la Mairie puis la Poste !
Quant à Antoine libéral Rougemont riche propriétaire, il mit à disposition ses écuries.
Le relais est désigné de différentes façons : la « Poste aux chevaux », le relais de la Poste, « le logis de la Poste » et aussi « logis où pend pour enseigne la Poste ». Ce dernier qualificatif implique peut-être que le maître de Poste tenait auberge, que c’était un lieu de transactions et qu’il avait les différentes fonctions d’un logis (Les logis de Pourcieux). Et ce jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Après on sait que les maîtres de poste ne tenaient plus auberge.
Les maîtres de Poste
En quelle année fut créée la « Poste aux chevaux » à Pourcieux ? Dans l’état actuel de nos recherches, il est difficile de le dire.
La première mention de « mestre de poste » est celle que l’on trouve dans l’acte de baptème du 9 décembre 1618 de Maximin fils naturel d’Ysabeau Mouttet et dont le parrain est Maximin Guigou « conseul et mestre de Poste » (A.C Pourcieux. GG 1577-1620 f°48).
Mais nous n’avons pas plus de renseignements le concernant.
Au XVIIe siècle et jusqu’en 1740, les maîtres de Poste de Pourcieux appartiennent à la famille Demours, famille aisée de notables, apparentés aux « Berbeguier », aux « d’Escrivan » nobles verriers du lieu et à de riches familles aixoises.
Ils participent aussi à la gestion de la communauté, en tant que trésoriers ou consuls (1622, 1628,1631-1634, 1639-1643, 1671 …).
On sait que de 1744 à 1748, le logis est tenu par Louis Bœuf qualifié de maître de Poste dans un rolle des frais dus au seigneur et particuliers de Pourcieux qui ont logé des troupes de France et d’Espagne pendant la guerre austro-sarde.
De 1761 à 1772, c’est Esprit Bouffier, le maître de poste. Il exerce aussi la fonction de trésorier à Pourcieux, pour la période de 1755 à 1758 et de 1761à 1768. Il meurt le 25 mars 1810.
Mais compte tenu des problèmes financiers rencontrés par ce dernier, la charge de maître de Poste sera tenue, de 1773 à 1785, par les Rougemont, riches propriétaires.
Puis à partir de 1786, c’est Louis Augier qui est maître de Poste.
Une dynastie de maîtres de poste : les Demours.
Le livre terrier de 1606 à 1658 fait référence au « Logis où pend pour enseigne La Poste » (A.C Pourcieux série DD).
Le « Maistre du logis de la poste » est alors Gaspard Demours né le 25 mars 1584 et fils d’Alexandre et de Catherine Orset. Il est cité dans de nombreux actes. Il a certainement acheté la charge de maître de poste car c’est un homme riche.
En 1672, le partage de ces biens entre ses fils montre qu’il jouit d’une certaine aisance financière et qu’il possède de nombreux biens : le logis de la Poste, deux autres maisons dans le village, deux étables et paillières, trois jardins et une quinzaine de terres réparties sur le terroir de Pourcieux (A.D Draguignan 3 E 94/97 f° 323 verso), mais aussi des biens à Marseille et à Saint Maximin.
En 1665, Gaspard Demours charge son fils Jean, d’aller recouvrer la rente d’une maison dont il est propriétaire au quartier de la Bourgade, porte dite du Marché à Marseille (A.D Draguignan 3 E 94/83 f°742).
Il possède aussi le logis du Lion d’Or avec une écurie et des terres à Saint Maximin qu’il arrente (A.D Draguignan 3 E 21/422- 30.01.1668)
Ainsi le maître de poste peut-il répondre aux exigences imposées par cette charge, c'est-à-dire résider sur place, avoir le personnel adéquat, posséder des bâtiments capables d’héberger équipages et montures mais aussi de stocker le fourrage et disposer d’un nombre suffisant de chevaux pour être en mesure d’assurer le service.
Le maître de poste doit répondre à toute réquisition, c’est-à-dire effectuer des déplacements extraordinaires pour la monarchie. Il doit aussi remplacer un confrère voisin en cas de défaillance et être solidaire des autres lors de périodes difficiles.
En 1661, Jean Demours signe une convention avec les autres maîtres de poste de la route d’Aix-en-Provence jusqu’à Nice : Simon Babillon, Pierre Revest, Pierre Brunet, Louis Maurin, Laurens Audifret, Anthoine Laugier et Claude Chabry, maîtres des postes de Rousset, Tourves, Brignolles, Le Luc, Frejus, L’Estarel et Cannes.
Compte tenu du fait que le service de poste a été perturbé par les guerres, ils promettent de bailler des chevaux pour servir aux relais. Et en cas de vol d’un cheval, tout le corps des maîtres de poste payera le prix du cheval dérobé (A.D Aix- 307 E 961- f° 663).
Si le maître de poste ne respectait pas ces obligations, il pouvait être menacé de destitution ou destitué par le surintendant lorsque les fautes étaient trop graves.
Le maître de poste doit répondre à toute réquisition, c’est-à-dire effectuer des déplacements extraordinaires pour la monarchie. Il doit aussi remplacer un confrère voisin en cas de défaillance et être solidaire des autres lors de périodes difficiles.
En 1661, Jean Demours signe une convention avec les autres maîtres de poste de la route d’Aix-en-Provence jusqu’à Nice : Simon Babillon, Pierre Revest, Pierre Brunet, Louis Maurin, Laurens Audifret, Anthoine Laugier et Claude Chabry, maîtres des postes de Rousset, Tourves, Brignolles, Le Luc, Frejus, L’Estarel et Cannes.
Compte tenu du fait que le service de poste a été perturbé par les guerres, ils promettent de bailler des chevaux pour servir aux relais. Et en cas de vol d’un cheval, tout le corps des maîtres de poste payera le prix du cheval dérobé (A.D Aix- 307 E 961- f° 663).
Si le maître de poste ne respectait pas ces obligations, il pouvait être menacé de destitution ou destitué par le surintendant lorsque les fautes étaient trop graves.
Après Gaspard Demours, c’est un de ses quatre fils, Jean Demours qui hérite du logis et devient à son tour maître de Poste. Effectivement dans la plupart des cas, la charge reste au sein du patrimoine familial. Elle se transmet de père en fils ou de l’époux défunt à la veuve. On parle alors de « maîtresse de poste ».
Les modalités de transmission de la charge sont clairement énoncées dans le testament de Gaspard Demours, du 19 juillet 1667. Il lègue à son fils Jean :
« La Poste avec tous les attributs, prérogatives et dépendances que le testateur a audit Pourcieux pour jouir des émoluments durant sa vie durant. Et après son décès et trépas, ledit testateur a substitué ladicte poste et dépendances d’icelle, à Joseph Demours prim filz dudict Jean, et après lui les descendances malles perpétuellement de l’un à l’autre par ordre de prime géniture. Et venant ledict Joseph Demours et ses descendants males à mourir sans enfants males, audit cas substitue au dernier mourant d’iceux sans enfants males, le second filz dudit Jean Demours. Et à défaut du second, le troisième et ainsi les autres par le même ordre de prime géniture jusque au dernier survivant, tous les enfants mâles de l’un à l’autre par les mâles d’iceux toujours au même ordre de prime géniture ».
Suite en cours
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