« L’image de la Magdeleine »
Du XVIe au XVIIe siècle, ce
logis est cité dans de nombreux documents : cadastres, actes notariés ...
Mentionné dès 1542, on le retrouve en 1547,1606, 1620, 1621,1660.
Ce logis porte le nom de
"Sainte Magdeleine" voire Sainte Marie Magdeleine qui fait certainement référence
à Marie Madeleine dont le tombeau a été découvert à Saint Maximin non loin de
Pourcieux et où Charles II d’Anjou fit construire un monument exceptionnel pour
servir de reliquaire aux saints ossements et accueillir les pèlerins.
Il était situé à l’entrée du
village de Pourcieux, au midi de la rue publique allant de Saint Maximin à Aix-en-Provence,
voie très fréquentée et stratégique sur la route menant d’Italie en Espagne.
Pourcieux possédait un relais de poste, c’était donc un lieu de passage mais aussi
un lieu d’étape et de stationnement des gens de guerre. En 1595, cinquante
hommes de la compagnie du capitaine Reboul y ont été logés 2. Les
officiers, quant à eux, étaient certainement hébergés dans les auberges ou chez
l’habitant. Les exemples se répètent tout au long du XVIIe siècle. Toujours
est-il que de nombreux soldats fréquentaient régulièrement ce logis où des
rixes devaient souvent éclater.
Ce logis « où pend pour
enseigne l’image de la Magdeleine » fonctionna,
à notre connaissance, pendant plus d’un siècle. Il fut vendu en 1671 à Joseph
d’Agoult 3 coseigneur du lieu qui le transforma et y fit
construire en lieu et place son château entre 1672 et 1673. Aujourd’hui, cet
endroit est reconnaissable à la tour que l’on peut encore voir et qui indique
l’emplacement du château.
L’hôte du logis qui nous
intéresse est en 1542 Dominique Saurin époux de Marguerite Martin. A cette date il
achète 16 milleroles de bon vin à Anthoine Riessaux et Anthoronne Gasque de
Saint Maximin et
deux charges de blé anone à Honorat et Barthélemy Fabre de Signe 4.
En 1547, le logis appartient
à Jehan Thollon et est tenu par Jehan Benoist son hôte 5.
Jehan Benoist demande alors à Jehan Thollon de faire 2 chambres garnies et de
mettre un lit dans la salle principale. Jehan Thollon promet aussi de faire
une porte qui va du lieu de Pourcieux à Saint Maximin en raison de la peste qui
sévissait à ce moment là dans le village. Lors de la contagion, le
« grand chemin » était dévié pour éloigner les passants. Les
voyageurs devaient alors entrer du côté est, par une autre entrée du village,
rue du Portail sur l’ancienne voie aurélienne où étaient placées des barrières.
En 1664, la communauté décide d’établir des barricades avec une porte fermée la nuit à cause de la maladie
qui sévit à Toulon et aux alentours. Un préposé, chargé de visiter les
« billets de santé » gardait cette entrée 6.
Cela se reproduira lors des
épidémies récurrentes dues à la contagion au cours du XVIIe siècle (1628,1643 …).
Jehan Thollon lègue le logis
à son fils Isnard dans son testament du 7 juin 1554 7.
Puis Isnard Thollon le cède
à Melchion de Mazargues, marchand d’Aix, trésorier du palais. Et ce dernier
institue dans son testament du 27 janvier 1568 son héritier Loys de Mazargues
son fils, seigneur de Fontcouverte, docteur en droits, conseiller et premier
avocat au siège d’Aix 8.
Loys de Mazargues en est
propriétaire quelques années, puis le vend le 13 mars 1593 à Jehan Guigou de
Pourcieux habitant Aix 9. Les « Guigou » étaient originaires de
Pourcieux et y possédaient des biens.
Jehan Guigou avait fait une
demande d’émancipation à son père Michel pour s’installer à Aix et se lancer
dans le négoce 10. Les affaires prospérant, il acheta ce logis de
Pourcieux.
A la mort de Jehan Guigou, ses 3 fils, Guilhem, Pierre et
Barthélémy héritent de ses biens, mais quelques années après Guilhem et Pierre
criblés de dettes vendent leurs parts à leur frère Barthélémy Guigou 11.
Ce dernier devient propriétaire de tous les biens de son
père et du logis de la « Saincte Magdellene » qu’il arrente d’ailleurs
en 1620 à son frère Pierre 12. Puis avec le consentement de
celui-ci en 1621 à Maximin Guigou pour 3 ans. Cette année-là, la contagion
sévit encore et de ce fait le village dresse barricades. Les voyageurs ne passent
plus devant le logis, l’activité diminue c’est pourquoi la rente à verser est
revue à la baisse. Elle passe de 60 escus
de valeur de 180 livres par an en temps normal à 40 escus faisant 120
livres 13.
En 1660, le logis toujours propriété de Barthélémy
Guigou, est tenu par Catherine Germon veuve de Jean Anthoine André pendant 2
ans moyennant la rente de 18 charges de blé annone tous les ans 14.
Au décès de Barthélémy Guigou, Pierre de Laydet, seigneur
de Sigoyer a un droit de collocation sur les biens de l’héritage de feu Barthélémy
Guigou à Pourcieux. C’est donc ce dernier qui devient propriétaire du logis. Il
fait faire des « réparations » aux cours, planchers et chemin 15.
En décembre 1671, Joseph D’Agoult baron d’Ollières, seigneur
de Pourcieux achètera cette maison à Pierre de Laydet, 16 sur laquelle il fera bâtir son château 17.
L’existence du Logis de la Saincte Magdeleine aura duré à
notre connaissance un peu plus d’un siècle, mais aura été certainement un lieu
qui a marqué la vie du village comme
d’ailleurs d’autres logis existant pendant cette période à Pourcieux.
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1- A.D Aix 2 g 2097 (cf Introduction Logis)
2- A.C EE 1588.1772 Logement des troupes
3- A.D Aix- 301 E 336- f°2579- Notaire A. BOUTARD-10.12.1671
4- A.D Draguignan 3E21/28- Gambaud ARBAUD-12/05/1542
5- A.D Draguignan-3 E 21.55- f°1-26.03.1547
6- A.C BB Délibérations communales - f°194
7- A.D Draguignan-ARBAUD notaire- f°81 verso-07/06/1554
8- A.D Aix -4 B 22- f°110-27.01.1568
9- A.D Aix-309 E 1011- f°697-13.03.1593
10- A.D Aix-4 B 33- f°752-05.01.1585
11- A.D Aix-309 E 1160- f°802-Notaire RENCUREL-12.08.1620
12- A.D Aix-309 E 1160- f°802-Notaire RENCUREL-12.08.1620
13- A.D Aix -309 E 1161- f°1153 verso-Notaire RENCUREL-23.10.1621
14- A.D Draguignan-3 E 21.308- f°71 verso-25.09.1660
15- Prix fait -Notaire FOUQUE -St Maximin -26.03.1671
16- A.D Aix-301 E 336- f°2579-Notaire A. BOUTARD-10.12.1671
17- A.C BB 1672.1700-Délibérations communales
DD5, rubrique « Eaux et fontaines
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